Jesper Just – Interoceptions, 2024

La pratique de Jesper Just s’articule autour de la vidéo et de l’installation, qu’il associe dans des environnements à l’architecture complexe. Déplaçant les codes et les techniques du cinéma dans le domaine des arts plastiques, l’artiste met à mal les schémas traditionnels et linéaires de la narration et de la dramaturgie. En créant des situations énigmatiques et ambiguës, il incite le public à se concentrer, non pas sur les mots prononcés ou sur les actions réalisées par les personnages, mais sur les émotions, les états psychiques et les relations portés par les œuvres.

L’installation vidéo Interoceptions met en scène l’espace-temps perturbé d’une forêt, plongée dans une métamorphose continuelle entre jour et nuit. La forêt est filmée six fois dans la même journée. Réunis bout à bout, les différents moments tissent ensemble des temps recomposés. Fonctionnant comme une machine à remonter le temps, l’œuvre vidéo fait visuellement allusion aux dispositifs optiques pré-cinématographiques, avec ses mouvements circulaires. La structure en bois de l’installation renvoie à la forêt en tant que matériau, établissant un lien intérieur-extérieur entre l’espace d’exposition et l’espace cinématographique. Dans la Rome antique, les bois entourant les cités servaient d’asiles aux personnes marginalisées, et s’y formaient ainsi des lieux de sociabilité frontaliers. L’étrangeté de la scénographie de la vidéo déploie des possibilités d’ouverture à des modes alternatifs de vivre ensemble, dans des lieux intermédiaires et marginaux.