Sofía Salazar Rosales – Il y a des corps fatigués par le voyage qui cherchent à s’enraciner, 2024

Le travail sculptural de Sofía Salazar Rosales explore les dynamiques qui déplacent les matières et les êtres. Choisis pour leurs connotations sociales, économiques et politiques, les objets et matériaux utilisés par l’artiste interrogent les logiques de production, de marchandisation et de mondialisation. Profondément liées aux déplacements, les créations de Sofía Salazar Rosales répondent aux besoins de « prendre racine » et de garder la mémoire. Confrontant l’artisanal et l’industriel, ses pièces se conçoivent comme des espaces de réconciliation et de négociation entre différents matériaux, histoires et contextes.

Des sculptures, qui représentent des produits de consommation issus de l’exportation — des bananes et des sacs pour l’agroalimentaire — rappellent les enjeux politiques et économiques liés aux mobilités. Également associée au voyage, Fue a lo mejor la impaciencia de tanto esperar tu llegada (« C’était peut-être de l’impatience d’avoir tant attendu ton arrivée ») s’inspire d’un souvenir familial : l’œuvre reproduit la boucle d’oreille offerte à Sofía Salazar Rosales par sa mère lors de son départ pour la France. Alors qu’elles paraissent fossilisées, rappelant des corps fatigués et oubliés, ses œuvres sont néanmoins traitées avec soin et tendresse par Sofía Salazar Rosales qui leur écrit des lettres empreintes de douceur. Articulant l’histoire personnelle et intime de l’artiste et celle de certaines structures architecturales liées à l’agro-exportation, l’œuvre de Sofía Salazar Rosales examine la fragilité et la résistance des matières et des récits.