2 questions à Emma Lavigne
Comment avez-vous ancré Mondes flottants au sein de la spécificité du territoire lyonnais ?
J’ai souhaité arrimer la Biennale au coeur de la ville dont l’identité s’est en partie façonnée par l’omniprésence de l’eau, dans cette ville « née des eaux », traversée par le Rhône et la Saône, en réactivant l’imaginaire dont ce fleuve et son affluent, par leur présence à la fois familière et mystérieuse, sont porteurs. Laisser ouverte des correspondances entre l’histoire de la ville comme ses soieries et certaines oeuvres qui de Hans Haacke à Damián Ortega explorent le tissu, comme une matière en lévitation. Après avoir arpenté la ville, traversé ses ponts, longé ses quais, parfois en compagnie des artistes, la ville s’est transformée en un territoire imaginaire. Le Musée d’art contemporain et la Sucrière, vaisseau fantôme au bord de la Saône, devenant les deux ports inspirants de ce voyage à travers la création contemporaine ponctué d’autres haltes qui modifient notre perception. La Biennale invite à des promenades privilégiées avec les artistes, qui guident les visiteurs jusqu’à des territoires méconnus ou transfigurés, des cinémas d’un instant en plein air, des jardins plantés de roses de Damas, des îles secrètes.
Quelles sont les découvertes et expériences que vous souhaitez faire partager aux visiteurs de la Biennale ?
Les oeuvres qui composent ces Mondes flottants sont sous tendues par la conscience que l’imaginaire, la poésie et l’art sont à la fois les révélateurs et des antidotes à l’instabilité du temps présent. Selon les mots de Nelson Goodman « elles exemplifient des formes, des sentiments, des affinités, des contrastes, qu’elles cherchent dans, ou construisent en, un monde » j’aimerais que les visiteurs de la Biennale parcourent la Biennale comme les promeneurs d’un paysage expérimental et sensoriel, élargissant leur perception, leur conception du monde. La Biennale se déploie comme un voyage au sein d’un archipel d’îlots qui sont tour à tour des scènes ou des haltes propices au ralentissement, générant tour à tour émerveillement, prise de conscience, contemplation ou réflexion.