Le Consortium, Dijon – Commisariat de la Biennale
Xavier Douroux, Franck Gautherot, Eric Tronçy, Robert Nickas et Anne Pontégnie
Le choix du titre emprunte sa stratégie au cinéma : il veut donner le sentiment d'un récit à venir en même temps qu'il en fournit déjà quelques clés. Parmi les pistes qu'il laisse entrevoir, il pose la question : Est-il possible d'empêcher le futur programmé d'advenir ?
Le film de René Clair auquel il fait référence ne raconte-t-il pas l'histoire d'un journaliste qui reçoit chaque jour, de façon inexplicable, le journal du lendemain et profite de la situation pour coiffer tous ses confrères dans la course aux scoops, jusqu'au jour où il découvre son nom dans la rubrique nécrologique ? Le titre n'illustre aucun thème même s'il insiste sur le télescopage des temporalités.
Il introduit le projet de transformer une biennale en une exposition à part entière, capable de restituer la complexité de l'exercice de l'art. Nous avons cherché à construire une exposition comme le moment d'une subjectivité collective à même de résister à la tentation d'entériner la réalité telle qu'elle est, de penser le lien qui unit le spectateur à l'exposition comme une expérience multiple plutôt qu'une simple visite, de considérer l'art comme un langage singulier, ni transversal ni intermédiaire, mais tout bonnement spécifique.
Face au renouvellement incessant des artistes, cette 7e édition de la Biennale de Lyon donnera la priorité au déploiement des œuvres et à leur réception. Nous avons voulu faire appel au meilleur de l'art : à son pouvoir d'énonciation, à sa capacité à créer l'étonnement et à son insistance à préserver la singularité de l'évènement menacée par l'indifférenciation. Pour cela, nous n'avons pas choisi les œuvres selon la vérité ou la justesse de leur sujet, mais en fonction des moyens avec lesquels elle l'exprime : des propositions ouvertes qui ne se contentent pas de représenter le monde mais entendent participer à son invention.
Le choix a été fait d'entremêler les générations d'artistes, avec la conviction que certains travaux récents d'artistes qui font vivre la scène de l'art depuis longtemps ont une pertinence au moins égale à celle de nouveaux arrivants. Ensemble, ils composeront un paysage commun où leurs œuvres pourront tisser d'innombrables liens.