L'artiste

Abstrait et coloré, le travail pluridisciplinaire d'Olivia Funes Lastra explore les phénomènes de migration, de traduction et d'hybridation.

Utilisant des tissus teints et peints, l'artiste assemble des architectures éphémères et mobiles qui portent les souvenirs des lieux qu'elle a visités et des récits qu'elle a collectés lors de ses voyages à travers le monde.

Seule ou à plusieurs, elle active souvent ses installations textiles par des lectures performées qui font résonner les mots et les couleurs, les langues et les formes.

L'œuvre présentée à la Biennale

Espace collectif, physique et symbolique, l'oeuvre d'Olivia Funes Lastra, montrée aux Grandes Locos de la Mulatière, se déploie sous la forme de peintures à habiter, en dialogue avec l'architecture et l'histoire des anciennes usines ferroviaires.

En écho aux récits de mobilités liés aux trains, les morceaux de tissus entrelacent différentes histoires d'itinérances et créent une sorte de patchwork de mémoires colorées.

Projetées sur les textiles, se trouvent par ailleurs les images des paysages du Grand Parc de Miribel Jonage dans lesquels l'artiste s'est immergée, au contact d'usager.ères avec lesquels elle a peint en pleine nature, ainsi que les récits polyphoniques et multilingues, les mots et les sons de vie des habitant.es et usager.ères de Vaulx-en-Velin avec lesquels elle a collaboré pour la création de son oeuvre.

Une performance conçue avec un groupe multilingue transgénérationnel de Vaulx-en-Velin sera activée plusieurs fois, à proximité de son installation, durant la période d'ouverture de la 17e Biennale de Lyon.

La création en territoire

Le projet de territoire d'Olivia Funes Lastra est structuré autour de la résidence de recherche et de création au long cours qu'elle a mené (de mai à septembre 2024) dans deux sites de la Métropole de Lyon choisis pour leurs connexions fortes avec les enjeux de sa démarche artistique (la commune de Vaulx-en-Velin et Le Grand Parc de Miribel Jonage).

Ayant grandi au contact de plusieurs cultures, Olivia Funes Lastra a accepté de s'ancrer sur ces territoires, dans la perspective d'observer et de restituer de manière symbolique les façons dont ces lieux, leurs paysages et les langues qui y sont parlées construisent les identités multiples de ceux qui y vivent ou évoluent - et avec lesquels elle a collaboré.

La notion de traduction (et la recherche d'ouverture et de compromis que celle-ci sous-entend) est au centre des préoccupations de l'artiste. Elle lui évoque son parcours de vie personnel, fait de déplacements et d'investissements de lieux et de cultures multiples, qui l'a conduite à se positionner délibérément dans un entre-deux. Dans sa pratique, ce constat et les questionnements qui en émanent s'expriment par l'usage de médiums transdisciplinaires (la poésie, la peinture, la performance, etc.), mobilisés autour de grandes installations textiles (un matériau choisi pour ses consonances transgéographiques et nomades).
"J'assemble des tissus, des langues, des couleurs et des lignes comme dans un patchwork. [...] J'intègre mon corps aux espaces souples que je construis à travers des performances de lecture. J'invite également d'autres corps et des performeurs à se fondre avec moi dans ces espaces colorés, afin de construire un corps hybride et collectif en mouvement."

En investissant certains des quartiers de Vaulx-en-Velin et le site du Grand Parc de Miribel Jonage, l'artiste s'est associée aux habitant.es et usager.ères de ces lieux pour collecter, avec leur complicité, les matières linguistiques constitutives de leurs parcours de vie, ainsi que les éléments mémoriels et émotionnels liés à leurs histoires personnelles.
"Je recherche les analogies possibles entre le langage, la mémoire, l'architecture et le paysage dans l'expérience de la migration et des identités hybrides qui en résultent, en utilisant la couleur, le corps et l'espace. Mon travail est transdisciplinaire et s'étend de l'installation à la vidéo, au texte et à la performance, mais toujours à travers les yeux d'un peintre."