Pilar Albarracín – Marmites enragées, 2006

Les performances, sculptures, pièces textiles, vidéos et photographies de Pilar Albarracín explorent la culture populaire et vernaculaire de son Andalousie natale, à travers ses traditions, ses rites et ses symboles. Du flamenco à la tauromachie, l’artiste déconstruit, par la dérision et l’ironie, l’image d’une « espagnolité », construction d’une identité culturelle, politique et sociale supposément commune. Transgressif, son œuvre ouvre des espaces de revendications féministes et invite à une prise de conscience des relations de pouvoir et des manques, des absences et interdits d’une société patriarcale.

Composée d’une cinquantaine de cocottes-minutes, Marmites enragées de Pilar Albarracín s’active lorsque les visiteur·euses s’approchent de l’installation, dont les vapeurs se synchronisent au rythme de l’Internationale socialiste. Hymne des travailleur·euses, le chant révolutionnaire résonne dans les anciennes usines ferroviaires, autrefois lieux de revendications sociales et politiques. L’œuvre se fait métaphore de l’insoumission, en raison de l’utilisation historique de l’autocuiseur comme bombe artisanale. Rappelant l’univers traditionnellement féminin de la cuisine, elle tourne en dérision l’image du foyer domestique. Vibrantes et chantantes, les Marmites enragées manifestent leur indignation face au rôle que la société leur attribue. Détournant les stéréotypes de genre, l’installation de Pilar Albarracín convoque symboliquement l’histoire collective des femmes.