14 septembre – 31 décembre 2022
Imaginée par les commissaires Sam Bardaouil et Till Fellrath comme un Manifeste de la fragilité, la 16e édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon, affirme la fragilité comme intrinsèquement liée à une forme de résistance, initiée dans le passé, en prise avec le présent et capable d’affronter l’avenir.
La 16e Biennale de Lyon se positionne résolument dans une perspective transhistorique avec des prêts exceptionnels en provenance de musées internationnaux mais aussi de nombreuses institutions culturelles lyonnaises majeures, telles que le Musée des Beaux-Arts de Lyon, le Musée Lugdunum, le Musée des Tissus, le Musée des Confluences ou encore Gadagne.
Persuadée que le dialogue est primordial pour construire un avenir plus équitable et durable, la Biennale s’inscrit dans le temps avec une série d’évènements qui auront lieu avant, pendant et après la manifestation à Lyon, grâce à des collaborations engagées avec des institutions du monde entier.
Parmi ces évènements, le 1er octobre 2021, un an avant son ouverture officielle et en préambule à sa 16e édition, les commissaires ont invité le rappeur lyonnais Sasso pour un showcase gratuit ouvert à tou.te.s, au cœur des Usines Fagor. Point de départ d’un projet au long cours initié par l’une des artistes invitées de la Biennale, il illustre la volonté des commissaires de travailler au plus près du territoire avec toutes les formes d’expressions artistiques, sans frontières entre les générations, les institutions et les pratiques.
LYON
La 16e édition de la Biennale de Lyon s’inspire de
l’histoire complexe de Lyon. De la glorieuse colonie
romaine de Lugdunum jusqu’aux frères Lumière qui ont
offert au monde les premiers films, de Napoléon en exil
prononçant cette déclaration d’amour : « J’aime fort les
Lyonnais, ils me le rendent bien » jusqu’à Louise Brunet
la méconnue et dont le périlleux voyage vers Beyrouth
l’a conduite jusqu’aux usines de soie du Mont-Liban, le
destin de Lyon est indissociable de celles et ceux qui
l’ont traversée et marquée de leurs originalités, de leurs
bizarreries et de leurs destinées souvent romanesques.
En invoquant ces multiples histoires, la 16e Biennale de
Lyon explore la fragilité, à la recherche de connexions
au-delà des limites de la géographie et du temps.
FRAGILITÉ
Notre fragilité est universelle – elle est ressentie partout
et par tous, quel que soit le contexte dans lequel elle se
révèle. Le corps en porte l’illustration. Qu’il soit racisé,
genré, colonisé ou surexploité, le corps est le premier des
nombreux lieux où les conflits font rage et se dénouent, où
la maladie empire et se soigne, et où la vie, dans toute sa
complexité, débute et s’achève. Les différentes strates de
la société sont tout aussi fragiles, en particulier sur la ligne
de crête qui sépare les nantis des démunis. L’agitation
civile croissante suscitée par le refus de répondre aux
injustices d’un autre âge et aux iniquités systématiques,
renforce l’instabilité du tissu social. Qu’elle se niche dans
le corps meurtri d’un manifestant ou dans le ciel empli de
cendres qui surplombe la surface enflammée de la terre,
la conscience de notre précarité commune a rarement
été aussi tangible et visible. La fragilité est inévitable et
inhérente à notre planète.
RÉSISTANCE
La 16e Biennale de Lyon rassemble de nombreux objets
et pratiques créatives qui incarnent la nature fragile et
fugace de notre existence. Ces pratiques évoquent la
vulnérabilité des personnes et des lieux, mettent à nu
leurs cicatrices et leurs difformités, témoignent de leurs
tourments ou attirent simplement l’attention sur les traces
indélébiles du temps. Que deviendrait notre monde si, au
lieu de considérer la vulnérabilité comme une marque de
faiblesse, nous l’exploitions pour tenter de reprendre le
pouvoir ? Dans ce nouveau scénario, le véritable pouvoir
n’a pas pour but de conquérir de nouvelles frontières
mais celui de poursuivre sa marche vers une sorte de
paix intérieure. La Biennale propose une déclaration
collective étayée par des voix résilientes – des voix qui
se nourrissent de tendresse et s’épanouissent dans
l’adversité. Une communauté qui respecte la fragilité se
forme là où le mot, l’image, le son et le mouvement se
rejoignent, aboutissant à la rédaction d’un Manifeste de
la fragilité pour un avenir collectif.
TEMPS
La 16e Biennale de Lyon considère que les artistes
d’hier et d’aujourd’hui comptent souvent parmi les voix
les plus vulnérables de nos sociétés. Cette vulnérabilité
va de pair avec celle des objets et œuvres d’art ainsi
créées. Bibliothèques et musées sont les temples de
ces témoignages temporaires que nous léguons aux
générations futures, dans l’espoir que leurs héritages
survivent à notre propre mortalité. De même, la nouveauté
nous enchante, au risque de nous faire perdre notre
capacité à apprécier la contemporanéité de toute forme
d’art. En abordant de front ces impulsions contradictoires,
la 16e Biennale de Lyon rassemble des œuvres d’art et
des objets qui couvrent des géographies composites
sur plusieurs millénaires et qui déploient des récits
intemporels faits de vulnérabilité et de persévérance.
Puisant dans la richesse des collections des musées
de Lyon et d’ailleurs, la Biennale de Lyon a pour objectif
d’initier une nouvelle lecture des œuvres et des récits
qu’incarnent ces institutions.
Faite de cycles éternels, notre fragilité revient constamment sur le devant de la scène : elle nous regarde droit dans les yeux, puis semble disparaître. Elle persiste sous la peau épaisse du temps, impassible mais bel et bien présente, silencieuse mais jamais réduite au silence.